Sauf que les cheveux jaunes ça ne fait pas bien à tout le monde.

mardi 23 octobre 2007

Improvisations littéraires

Comme vous l'avez peut-être lu dans mon profil, j'étudie en création littéraire. Dans un de mes cours, je bavarde souvent avec une fille qui fait du théâtre. Elle et ses amies ont eu la brillante idée d'allier improvisation et écriture en faisant de l'impro littéraire. Pour écrire, elles ont un thème, des contraintes d'écriture (nombre de mots ou autre) et de temps. J'étais emballée par l'idée, j'ai donc demandé à cette fille de m'en donner une à faire.

Voici les contraintes que j'avais:
Thèmes: Un et un font deux, mais jamais deux sans trois!
Nombre de mots: 498
Contraintes: que les cinq sens soient dans le texte et qu'il n'y ait aucun Je.
Temps alloué: 24 heures

À vous de constater si j'ai réussi cette impro.

Un et un font deux, mais jamais deux sans trois.

Par un beau matin de mai où le temps était frais et le soleil chauffait la peau, Mathilde se préparait pour le travail. Comme à son habitude, elle prenait le temps de faire ses exercices matinaux et d’écouter le chant des oiseaux. Une bouffée de bonheur. C’était pour des journées comme celle-là qu’elle aimait tant la vie.

Elle commença sont travail en sifflotant. Une bonne odeur de croissant atteignait son nez. Elle l’huma avec plaisir, mais ressenti une petite nausée. Elle en déduisit alors que son estomac vide devait avoir besoin d’un petit-quelque-chose de sucré. À la cafétéria, elle avait du mal à choisir parmi tout ce qui se présentait à sa vue. Un croissant au chocolat et un petit jus d’orange feraient l’affaire.

De retour au bureau, Mathilde dégusta goulument son encas. Tout juste avait-elle fini de l’avaler que déjà son corps le rejetait. Malheur, était-elle malade? Comment une si belle journée pouvait-elle se transformer en cauchemar? Il faut savoir que Mathilde était une jeune femme hypocondriaque. De minimes symptômes devenaient rapidement un cancer ou une maladie au nom indéchiffrable.

Lors d’une discussion avec des copines du bureau, elle comprit qu’elle n’était sans doute pas malade, mais plutôt enceinte. Certains diront que c’est la même chose. Pour Mathilde, c’était surtout inquiétant.

Un plus un font deux, chose que son copain avait encore de la difficulté à comprendre. Il avait un grand besoin d’indépendance. Comment allait-il accepter que deux n’allait jamais sans trois. Catastrophe.

Pendant son retour à la maison, elle s’arrêta à la pharmacie. Pour… vous savez quoi. Choisir une des boîtes lui prit une demi-heure. Ses pensées se bousculaient. Comment lui annoncer la nouvelle? Rester neutre; montrer son angoisse; faire dans l’humour. Il lui semblait qu’aucune de ces façons ne serait la bonne.

Ses mains tremblaient lorsqu’elle entra dans la minuscule salle de bain de son appartement. En arrivant, elle avait été soulagée de constater que son amoureux n’était pas de retour du travail. Un de ses nombreux cinq à sept le retenait sans doute. Le test se révéla positif. Un petit sourire nerveux se glissa sur son visage pâle. La même question revenait sans cesse dans sa tête : comment lui annoncer que sa vie changera à tout jamais?

Mathieu, l’amoureux de Mathilde, arriva tard ce soir-là. Elle était déjà endormie , nue sur le sofa. Il s’approcha, se demandant ce qu’elle faisait encore là, à cette heure, mais surtout pour quelle raison elle était en costume d’Ève. Avait-il oublié leur anniversaire? Non, c’était en février qu’ils s’étaient rencontrés. Mathieu s’approcha délicatement dans le but d’éveiller Mathilde. Il eut la surprise de sa vie lorsqu’il s’aperçut qu’un message était inscrit sur le ventre de sa bien-aimée. Il pouvait y lire : 1+1=3

Son cœur se mit à battre à vive allure lorsqu’il comprit l’énigme. Timidement, il s’approcha de l’oreille de Mathilde et lui murmura : Je t’aime et je suis l’homme le plus heureux du monde.

Mathilde continuerait d’avoir une vie remplie de chants d’oiseaux.